Alors que les nations poursuivent l’exploration sous-marine à la recherche de minéraux rares très convoités, la cheffe de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA) des Nations Unies rappelle que les fonds marins n’appartiennent à aucun pays ni entreprise et que des efforts sont en cours pour garantir que cette ressource ne devienne pas le « Far West » de l’exploitation.

Célébrant son 30e anniversaire, l’ISA est l’autorité mondiale en matière d’exploration des grands fonds marins au-delà de la juridiction nationale.

Washington a peut-être adopté un décret sur les licences d’exploitation des grands fonds marins dans les eaux internationales au début de l’année, mais la directrice de l’autorité, Leticia Carvalho, estime que les États-Unis, qui ne sont pas membres de l’ISA, « font cavalier seul ».

« Le reste du monde est uni et soutient pleinement l’Etat de droit et l’Autorité internationale des fonds marins  », a déclaré Mme Carvalho à ONU Info . « L’ISA est une superpuissance. Nous disposons de toutes les connaissances, nous avons les capacités que nous confère la loi, nous avons le mandat  ».

En effet, en vertu du droit international, les fonds marins situés au-delà de la juridiction nationale n’appartiennent à aucune nation en particulier, a souligné Mme Carvalho, invitant les États-Unis à rejoindre l’ISA.

Pour répondre à ces préoccupations, l’ISA a rédigé un code minier afin de garantir que les fonds marins restent protégés et ne se transforment pas en « Far West » de l’exploitation, a-t-elle dit.

La recherche coûteuse de minéraux rares

Les minéraux rares nécessaires pour satisfaire la demande en matière de production d’articles technologiques, qu’il s’agisse de batteries ou de panneaux solaires, ont entraîné un intérêt pour les fonds marins et ce qu’ils ont à offrir. Du cobalt au zinc, une multitude de minéraux rares ont été détectés lors d’explorations des fonds marins.

Selon le rapport 2025 de l’ONU sur la situation et les perspectives économiques mondiales, l’ISA a attribué 31 contrats d’exploration minière à 21 entreprises de 20 pays en 2024. Bien que l’exploitation minière commerciale dans les eaux internationales n’ait pas encore commencé, dans l’attente de la finalisation d’un code international pour l’exploitation minière en haute mer par l’ISA, les pays peuvent actuellement poursuivre l’exploitation minière en haute mer dans leurs propres eaux territoriales ou « zones économiques exclusives ».

Même après la mise en place du code international, ceux qui se livrent à l’exploitation minière en eaux profondes continueront à faire face à des défis majeurs en raison des besoins en capitaux et des coûts d’exploitation élevés par rapport à l’exploitation minière conventionnelle, ainsi que des énormes incertitudes techniques liées aux problèmes particuliers liés à l’exploitation minière dans les fonds marins, selon le rapport des Nations Unies.

Appel à la prudence

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a affirmé que les fonds marins internationaux sont « le patrimoine commun de l’humanité, un principe inscrit dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui doit continuer à nous guider  ».

« Nous devons unir nos efforts mondiaux en matière d’action climatique, de préservation de la biodiversité et de protection marine  », a-t-il déclaré dans un message marquant l’anniversaire de l’ISA, saluant son engagement à trouver des solutions équilibrées et efficaces. « Les profondeurs océaniques restent l’une de nos dernières frontières. Elles sont très prometteuses, mais nécessitent également une grande prudence  ».

Depuis trois décennies, l’autorité contribue à protéger ce domaine commun grâce à une gouvernance pacifique, durable et inclusive, et aujourd’hui, elle relève des défis complexes avec soin et clarté, a-t-il déclaré. « Alors que nous célébrons cette étape importante, faisons progresser la coopération fondée sur la science et continuons à travailler ensemble pour préserver l’océan dans l’intérêt de tous, partout dans le monde », a-t-il souligné.

Code minier

Outre les progrès réalisés sur un projet de code minier lors de sa session annuelle en cours à son siège à Kingston, en Jamaïque, l’ISA a lancé le mois dernier sa biobanque des grands fonds marins dans le but de préserver et de partager les connaissances.

Cette initiative vise à collecter et à préserver des échantillons provenant des fonds marins qui profiteront à toutes les nations, en particulier aux pays en développement, a déclaré Mme Carvalho, ajoutant que l’objectif est d’étudier les minéraux, le potentiel d’exploration et d’exploitation, mais aussi de préserver et d’étudier la biodiversité et la génétique.

« L’avenir que j’envisage est que nous devons vraiment prendre soin, chérir [et] nourrir les grands fonds marins  », a dit Mme Carvalho. « L’avenir de l’ISA est plus solide, plus fort, plus large et plus sage. Nous en saurons beaucoup plus que ce que nous savons aujourd’hui  ».



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